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Quelques réflexions sur la musique

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Quelques réflexions sur la musique

(#20) Le chemin de l’idée.

Greco, 9 juin 20259 juin 2025

L’idée germe dans le cerveau. À cet instant, elle a l’abri. C’est un secret qui peut se garder longtemps ou bien être divulgué instantanément.

Son géniteur, l’être humain, est le seul à en assumer le contrôle, le développement et le classement.

Selon un processus complexe d’encodage, l’idée va être associée avec beaucoup d’autres et emmagasinée dans la mémoire au sein de laquelle elle restera disponible plus ou moins longtemps. C’est un procédé de stockage qui est né avec l’humanité.

Pour démontrer l’existence de l’idée, il faut l’exprimer, la formuler, l’émettre ou la propulser afin de permettre son partage. Alors, sa réalité devient tangible.

Pour la conduire vers l’extérieur, au moins deux facteurs sont nécessaires : disposer d’énergie et de moteurs. Un moteur est une structure qui converti de l’énergie en travail mécanique. Notre corps est un multimoteur qui dispose lui-même de nombreux agents (les muscles) lui permettant, via le système nerveux, d’accomplir et de maîtriser de multiples activités, qu’elles soient physiques comme le sport et la conduite automobile ou intellectuelles comme l’écriture et les pratiques artistiques.

Nos membres et nos organes sont nos moteurs. Les mains, les doigts, les pieds, les yeux et les poumons exécutent les commandes qu’ils reçoivent. À titre d’exemple, le souffle nous permet de parler ou de jouer d’un instrument à vent. De ce fait, les muscles sont des transmetteurs qui influent sur les mouvements, la posture, le regard et les mimiques : ils participent à la constitution d’un langage complexe et singulier propre aux êtres vivants.

Lorsque certaines fonctions sont déficientes, les prothèses peuvent se substituer à l’organe manquant et accomplir un travail efficace et parfois spectaculaire. Dans ce registre, l’invention de l’exosquelette, structure mécanique articulée, démontre combien une association corps-machine peut être salutaire.

D’ores et déjà, le chemin naturel de l’idée peut être raccourci par le développement d‘interfaces qui établissent un lien direct entre le cerveau et un ordinateur ; elles permettent en effet d’effectuer des tâches sans passer par l’action des muscles et des nerfs périphériques. Cependant, ces technologies se limitent encore à des commandes relativement simples. L’écriture d’un texte ou la création d’une musique, par exemple, ne sont pas encore envisageables. De plus, ces systèmes d’assistance démontrent une dépendance aux machines de plus en plus manifeste.

Mais revenons à notre chemin et prenons l’exemple de la musique. Avant d’être formulée, l’idée musicale n’est que du silence. En effet, une partition posée sur le pupitre du piano, tout comme les données engendrées par la créativité du musicien devant son ordinateur sont des éléments inertes pour autrui. Certes, les chefs d’orchestre peuvent lire une partition musicale et l’interpréter intérieurement, mais tant qu’il n’y a pas de formulation vocale ou instrumentale, elle n’est pas partagée. De même, les cordes d’un violon ne témoignent de leur fonction sonore que si l’instrumentiste décide d’appliquer son idée via un moteur (ses mains, la plupart du temps) pour les mettre en vibration. C’est une condition pour que des molécules gazeuses puissent se déplacer et engendrer les ondes sonores qui feront vibrer notre tympan ou les organes de notre corps. L’air que nous respirons est ici un facteur de transmission fondamental : sans air, c’est le silence absolu. Pas de son, pas de musique !

Plus généralement, ces moteurs sont fréquemment associés à des outils ou instruments de diverses natures qui permettent de décupler le potentiel de l’idée. Mais, inoculés par l’Intelligence Artificielle, ceux-ci deviennent « pensants », et les initiatives qu’ils prennent à notre place amènent une question cruciale sur l’évolution de notre autonomie et de notre indépendance. C’est le cas, par exemple, du pilotage des drones, des diagnostics médicaux ou de la création artistique.

Enfin, ça y est, notre idée est livrée au monde extérieur et elle peut être enregistrée, codée en datas et largement distribuée.  

Pour le meilleur, car le partage des idées fondamentales façonne l’humanité. Et pour le pire, car empruntée, déformée, dénaturée, l’idée devient vulnérable et peut changer de sens, voire… de propriétaire ! 

Les pensées (qui rassemblent plusieurs idées) constituent la partie la plus intime, la plus fragile et la plus malléable de l’humain. Elles sont le fondement de notre identité. Devant la voracité des réseaux numériques, à une époque où la confusion et la falsification des sources sont devenues des motifs de forte préoccupation, il devient crucial de déterminer ce qui appartient à notre vie privée par rapport à ce qui peut être divulgué.

A priori, l’idée est endogène et générée par l’association de nos seuls neurones et synapses. Mais le cerveau, fantastique laboratoire aux milliards de connexions, est devenu un large domaine d’investigation scientifique et un jour, sans doute, les implants cérébraux et la stimulation transcrânienne aiguillés par l’Intelligence Artificielle seront capables d’insuffler des pensées inédites, susceptibles de modifier nos comportements, et, pourquoi pas, d’accroître notre créativité. Un autre chemin, à contre-courant.

Il fera l’objet d’un autre billet : l’artiste augmenté.

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