(#14) Peut-on se passer de la Sacem ? Greco, 20 juin 202425 juin 2024 – C’est parce que je n’ai pas été élu au conseil d’administration* que tu poses cette question ? – En partie. Tu as fait une belle campagne qui t’a permis de te propulser au 3e rang, mais ce ne fut pas suffisant pour atteindre l’une des deux places disponibles. Pas trop douloureux ? – Pas du tout. Ce fut une aventure passionnante qui m’a fait rencontrer beaucoup de créateurs et d’éditeurs que je connaissais mal ou pas du tout. Postuler au C.A. est un exercice stimulant pour lequel il faut définir une ligne de conduite, voire une stratégie, bref, montrer un engagement puissant. Et c’est vrai qu’en cas d’échec, on peut déchanter ! Ce n’est pas mon cas : je me suis enrichi. Cela m’a en effet fait réfléchir à l’avenir de nos professions dont l’instabilité devient préoccupante. C’est ce que j’ai traduit dans plusieurs écrits et publications. – Je vois que tu rebondis ! Donc, bien qu’ayant depuis 30 ans participé à nombre de réunions et travaux au sein de cette maison, tu peux te passer de la Sacem ? – Ah oui, pas d’addiction à ce niveau. Juste l’envie d’apporter ma contribution aux travaux qui nous attendent. La gestion du droit d’auteur est devenue complexe. C’est le C.A. qui détermine les grands axes de cette maison et y siéger demande une sorte de vocation ! – Et en tant que sociétaire ayant-droit, peux-tu te passer de la Sacem ? – Là c’est différent ! S’il est vrai que le métier d’artiste créateur fait souvent rêver, il faut comprendre que sa rétribution n’est ni pérenne, ni régulière, ni acquise. Contrairement à d’autres professions artistiques, le compositeur, comme l’auteur, ne bénéficie d’aucune assurance chômage : nous ne sommes pas intermittents du spectacle !! Et quatre fois par an, nous attendons notre dû de la Sacem sans pouvoir vraiment anticiper son montant et son origine : un lien quasi maternel dont il m’est difficile d’imaginer le sevrage… – Oui, c’est vrai, mais la liberté a un coût, ne crois-tu pas ? – Tu as raison : être artiste, ce n’est pas une profession, c’est un état. – Solide ? – Je dirai plutôt gazeux ou liquide, selon les années … *Elections du 18 juin 2024 Retour au sommaire Sujets divers