(#17) Chef-d’œuvre & hors-d’œuvre

– Le nom “œuvre” pris isolément est un véritable fourre-tout ! Il peut désigner un bâtiment architectural, une fondation charismatique…

– …le fruit d’un travail parcellaire par exemple un tableau, un roman, un film, une chanson…

– …ou encore l’aboutissement d’une vie entière consacrée à une interprétation personnelle du monde. L’œuvre complète de Victor Hugo !

– Et l’œuvre d’art ?

– Encore une distinction subtile ! L’œuvre d’art est plus généralement attribuée aux arts visuels comme la peinture, l’architecture ou la sculpture. Tandis qu’en musique, en littérature, en cinéma, on parle d’une œuvre sans complément particulier. Une chanson, un roman, un film sont désignés comme des œuvres.

– Mais aujourd’hui, avec le développement fulgurant des outils numériques et notamment ceux de l’IA, est-ce que la notion d’œuvre reste exclusivement humaine ?

– Bonne question ! Les puristes affirmeront que l’œuvre ne peut être que l’expression d’un ou plusieurs humains. Soit. Mais si quiconque ne peut plus distinguer l’origine de celle-ci, à savoir humaine, hybride ou exclusivement humanoïde, comment lui apporter une certification ? 

– Et comprendre si nous sommes face à une œuvre ou un produit !

– Tu as raison : cette distinction est fondamentale. Les garde-fous législatifs obligeant une transparence des entreprises se nourrissant de l’IA associés aux processus techniques de détection, vont sans doute nous aider à préciser la traçabilité des sources utilisées, et sans doute mettre en place des systèmes de compensations financières. 

– Tu veux dire que les robots pourraient endosser la paternité de leurs produits et en tirer les profits qui revenaient jusqu’à présent exclusivement aux humains ?

– C’est une bataille à livrer pour défendre la suprématie de l’artiste sur la machine.

– Et le chef-d’œuvre dans tout ça ? Tu le places où ?

– Proche du sublime. Quand l’œuvre est d’une qualité exceptionnelle, c’est un chef-d’œuvre.

– Et si la qualité est quelconque ?

– Hors d’œuvre.